Mirror Teeth est une pièce représentative de la face obscure de nos sociétés occidentale. Elle met en abîme nos règles, nos principes, nos hypocrisies : violence, racisme, inceste, patriarcat… Tout est dévoilé de façon crue et satirique.Cette mécanique du langage, implacable, mathématique, s’apparente à la folie. Le mouvement, provoqué essentiellement par les entrées et sorties des personnages, n’est pas une simple agitation. Derrière la superficialité apparente des protagonistes se cache une rage existentielle.

La famille Jones, telle que nous la découvrons dans les premières minutes de la pièce, est l’incarnation de toute une série de clichés identitaires propres à la petite bourgeoisie anglaise. Le dialogue alterne entre la conversation banale, le cliché journalistique et l’auto-commentaire soulignant l’artifice de la scène. Seule Jenny semble résister au modèle familial en annonçant à sa famille la venue de son petit ami noir, Kwesi, dont l’arrivée déclenche l’effroi de Jane et une nervosité générale exprimée.

La force de la pièce réside dans le pari que l'horreur énoncée s’avèrera détonante, supportable, cruellement drôle. Mirror Teeth apparaît alors comme un miroir de nous-mêmes. Et nous avons une dent contre ce miroir parce qu’il nous renvoie cette part de nous-mêmes que nous préférerions ne pas voir ni entendre.